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2. Enfance et adolescence



 

Sa vie commence comme un conte de fée. Le 18 mai 1474, Isabelle naquit au duché de Ferrare, de mère espagnole, Éleonore d’Aragon, fille du roi de Naples et de père italien, Ercole d’Este, duc de Ferrare, Modène, Reggio et Parme. Elle grandit au Castello parée de tous les dons, “la bella donzeletta“ vantée pour sa beauté autant que pour son exceptionnelle intelligence. À Isabelle, succédèrent Béatrice, puis trois autres frères : Alphonse, Ferrante, Hippolyte et Sigismond, sans compter deux enfants bâtards, Lucrezia et Giulio, celui qui sera son frère préféré. Le duché de Ferrare était alors un foyer intellectuel très vivant, ce qui explique l’éducation soignée qu’elle reçut auprès de ses parents les Este, amoureux des Lettres et des Arts et de tradition francophile. En leur temps, ils ont aimé et fait travailler les peintres Giotto, Pisanello et Piero della Francesca et accueilli le poète Pétrarque. De sa mère, Isabelle tient le goût des romans français et bretons, des chevaliers de la Table ronde.

Isabelle avait 6 ans quand Frédéric Gonzague, marquis de MANTOUE demande sa main pour son fils aîné François âgé de 14 ans. Demande acceptée par son père, le duc Hercule soucieux de renforcer leur position commune face à Venise. Ludovic Sforza de Milan, ayant fait sa demande trop tard, obtient alors la main de sa jeune sœur Béatrice.

Après avoir rencontré Isabelle, le secrétaire du duc de Mantoue (Bartolomeo Cusatro) s’empresse d’écrire à son maître, le marquis de Gonzague : “Madonna Isabelle me fut amenée. Je la questionnai sur divers sujets et ses réponses dénotèrent une promptitude d’esprit et un bon sens très remarquable chez une enfant de six ans. La réalité dépasse de beaucoup tout ce que j’avais entendu dire de sa merveilleuse intelligence.

Intelligente ! c’est un bien ! mais comment est-elle, s’inquiète le fiancé de quatorze ans, déjà sensible aux charmes féminins. Pour le rassurer, le peintre du duc d’Este, COSMÉ TURA fit son portrait que Cusatro commente : “J’envoie le portrait de Madonna Isabelle afin que votre altesse apprécie la beauté de ses traits. Mais je puis vous assurer que son intelligence et son instruction sont plus admirables encore.

 


Éducation raffinée à cour des Este qui prisait la musique autant que la littérature. On la mit à l’étude de la grammaire grecque, du latin avec des discours de Cicéron, et des poètes latins : “Avec quelle grâce et quelle élégance vous récitiez par cœur, Térence et Virgile, de préférence“… lui écrira plus tard l’un de ses maîtres. Esprit curieux de tout, elle s’intéressera aux sciences, à l’architecture, à la géographie, surtout aux œuvres d’art qu’elle collectionnera avec passion.

Son éducation répond aux règles du “Corteggiano“ de Balthazar Castiglione. Elle chante, joue du luth et danse à merveille. Le palais Schifanoia (en français : « Sans souci ») est le merveilleux écrin qui s’anime pour les représentations théâtrales. Elle y passe de longs moments enchantés.

François rencontre sa petite fiancée. Déjà épris, ils échangent des lettres. Voilà ce qu’elle écrit à François à l’âge de 9 ans : “Comme j’étais souffrante, lorsque vos lettres et vos présents me sont parvenus, la joie de les recevoir m’a aussitôt rétablie. Mais à la nouvelle que votre Altesse avait l’intention de venir à Modène si j’étais encore malade, je souhaitai bien fort d’être à nouveau souffrante, ne fût-ce que pour avoir le plaisir de vous voir…“ Quelle finesse et quel sens inné de la diplomatie ! Isabelle désirant un tableau de Mantegna (peintre officiel des Gonzague), son fiancé l’obtient du peintre et lui offre un portrait d’une “Madone à l’enfant“ (musée Brera ).

La sœur de François, Élisabeth de Gonzague vient à la cour de Ferrare avant de se rendre à Urbino où vont se célébrer ses noces avec le duc Guidobaldo da Montefeltre, fils de Frédéric, le vertueux condottiere. Ainsi naît une indéfectible amitié entre Isabelle et sa future belle-sœur Isabelle a 14 ans. Sa beauté rayonne : elle a cheveux blonds, le teint clair, les yeux brillants “una donna più bella assai ché’il sole“ dit le poète Trissino paraphrasant Pétrarque. Élégante, elle montre grâce et majesté et l’on dit que les dons de son esprit surpassent ceux de sa personne.

ISABELLE D’ESTE - 2. Enfance et adolescence

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