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7. François de Gonzague et la victoire de Fornoue

 

30 mars 1495 : formation de la “Ligue des bons Italiens“ contre Charles VIII, à l’initiative de Venise. Après avoir quitté Naples, l’armée française fait des haltes prolongées laissant aux ennemis le temps de la devancer. La rencontre des troupes ennemies se fait à Fornoue au sud de Parme. François de Gonzague nommé commandant de l’armée de la Ligue, l’emporte de peu sur la Furia Francese (hommage des Italiens). Bien que lui-même se soit battu comme un lion, il laisse s’enfuir le roi de France — ce que lui reprochera son employeur : la Sérénissime. Mais reste que le marquis de Mantoue s’est taillé une réputation glorieuse et qu’il fait figure de vainqueur. Il écrit à Isabelle : “Illustrissima conjux amantissima, les ennemis sont tellement épouvantés que c’est incroyable !

Isabelle le félicite chaudement. Pendant que son mari s’illustre sur les champs de bataille, Isabelle fait honneur à la charge officielle que lui a confiée François Gonzague. Elle a 20 ans et règne sur Mantoue. C’est maintenant qu’elle s’affirme vraiment comme une femme de tête qui sait régler les conflits intérieurs, propres à toute principauté. “Je prie votre Altesse d’avoir l’esprit en repos et de se consacrer aux affaire militaires car avec l’aide de mes éminents gentilshommes et fonctionnaires, je prétends gouverner l’État de telle façon que vous n’ayez à souffrir d’aucun dommage et que tout le possible soit fait pour le bien de vos sujets…

 

La marquise est l’épouse d’un héros ! La victoire remportée par François attire gloire sur la famille et fait tomber de l’argent dans les caisses de Mantoue. Le doge récompense François en le nommant Capitaine général des Armées de la République : il signe donc une condotta plus rémunératrice. Isabelle conserve comme un trésor, le tronçon brisé de l’épée du héros et s’approprie les si précieuses tapisseries que le roi Très Chrétien, n’a pu emporter dans sa fuite.

Avec la paix de Vercelli, c’est la fin de la guerre en Lombardie et la dissolution de la Ligue. Le marquis de Gonzague reprend du service auprès de Venise qui l’envoie à Naples pour aider le roi Ferrante à reprendre son état.

La marquise attend son deuxième enfant. Elle est fatiguée, écrit à son père Ercole “Je me sens froide comme la glace et morne comme une flaque d’eau !“ Pour lutter contre la morosité, elle se remet aux études classiques, au latin avec Equicola, joue du luth et s’amuse des facéties de son incomparable nain Matello “Il primo matto del mondo“… La guerre s’épuise entre les deux armées dans le napolitain puis prend fin. Venise rappelle son capitaine. Sous l’influence de la marquise,le marquis obtient de la république qu’elle appuie sa demande auprès du pape : un chapeau de cardinal pour le frère d’Isabelle, Hippolyte D’Este. Il l’obtiendra ! Ce n’est pas le premier chapeau qui aura de l’importance dans la vie d’Isabelle !

Temps de deuil pour Isabelle : elle perd sa fille Marguerite, à peine mise au monde, son beau-frère Gilbert de Montpensier et surtout sa sœur Béatrice, l’épouse de Ludovic le More, morte en couches à 21 ans. Isabelle est anéantie ! Ludovic le More écrit au marquis l’expression de sa douleur “grande et excessive que je ressens au-delà de toute mesure… je n’ai pas voulu écrire à la marquise et je vous laisse le soin de lui donner les nouvelles comme vous le jugerez le mieux, sachant à quel point sa douleur dépassera toute expression.” La mort de sa sœur brise un lien charnel très profond. Les poètes associaient leurs deux noms aux joies et aux beautés de la nature. Adieu Béatrice !

ISABELLE D’ESTE - 7. La victoire de Fornoue

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