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Ce soir je vais vous parler de George Sand et de lItalie, quelle considéra toujours comme sa seconde patrie. Je parlerai principalement de son premier séjour à Venise en 1834 et je tâcherai de montrer linfluence quexerça ce pays sur la femme et sur lécrivain. La vie de la petite Aurore sécoule heureuse pendant 4 ans jusquau jour où un accident de cheval lui enlève son père qui meurt à Nohant le 16 septembre 1808. À dater de ce moment-là, elle sera tiraillée entre les deux femmes, sa mère Sophie et sa grand-mère paternelle, que tout oppose sauf lamour pour le même homme, Maurice Dupin. Dès lenfance, Aurore rêve de cette Italie que sa grand-mère lui révèle par la musique de Pergolese, les gravures de Piranese et les récits des voyageurs illustres. Élevée à Nohant, dans la maison de Mme Dupin de Francueil, elle grandit au milieu des champs, un peu comme une herbe folle, un peu comme un poulain sauvage qui saute les haies et piétine les plates-bandes. Sa grand-mère qui ladore veut en faire une femme instruite aussi lenvoie-t-elle à Paris au couvent des Augustines anglaises où elle passera deux années. Elle y apprendra les langues étrangères dont lItalien quelle parle avec son amie Émilie de Wismes. La mia lingua diletta précise-t-elle. Elle passe une période dintense ferveur religieuse et reste en contemplation devant un tableau dautel quelle imagine être du Titien. Après ces deux années, Aurore revient à Nohant. Elle a seize ans et se plonge dans le monde enchanté de la littérature : Paul et Virginie, lIliade. Elle découvre les auteurs italiens qui ont enchanté le jeune Stendhal : Le Tasse, Dante, lArioste, Petrarque. Elle lit avec passion Le Génie du christianisme de Chateaubriand dont elle aime la religiosité mystique, ce qui ne lempêche pas de devenir anticléricale sous linfluence de Rousseau qui plante en elle, les idées dégalité et de liberté qui lui seront si chères. En 1821, la belle harmonie qui unissait les deux Aurore, la grand mère et la petite fille, prend fin avec la mort de Mme Dupin de Francueil. Cette grande dame, si soucieuse de son éducation, meurt en lui disant : Tu perds en moi ta meilleure amie. Aurore Dupin, la future George Sand, ne parviendra jamais à sentendre avec sa mère malgré ladoration quelle lui portait enfant. Après la mort de son mari Aurore a 4 ans elle accepte de laisser sa fille à sa belle-mère contre une somme dargent et certainement la conviction que la petite Aurore serait mieux élevée à Nohant quà Paris où elle choisit de vivre. Sophie, dextraction modeste, est la fille dun oiselier du quai de la Mégisserie. Elle adore sentourer de petits volatiles quelle charme de sa jolie voix. Aurore en garde un très vif souvenir. Est-ce à cause de cela que George Sand aimera les oiseaux toute sa vie ; un petit sansonnet apprivoisé chantera pour elle, à Venise, il boira dans son encrier et se posera sur sa pipe. Elle sen souvient dans son autobiographie : À Venise, jai vécu avec un sansonnet plein de charme, qui sest ensuite noyé dans le Canaletto, à mon grand désespoir " Dans Teverino, roman quelle écrira en 1845, Jai inventé, dit-elle, une jeune fille ayant pouvoir, comme la première Ève, sur les oiseaux de la création. La vie libre et rustique quelle mène à Nohant, dans son adolescence, forge son caractère indépendant, rétif aux conventions sociales. Elle adopte ces habits dhomme qui lui permettent des chevauchées en toute liberté et des baignades dans le Cher. Plus tard elle fumera le cigare, le narguilé puis les cigarettes, campant ainsi le personnage pittoresque que nous connaissons tous et que Musset a immortalisé dans de charmants croquis. Avant cela, en 1822, pressée de quitter la tutelle tatillonne de sa mère, ces récriminations, elle épouse un jeune homme qui lui paraît aimable : le baron Casimir Dudevant. Après le mariage, lennui commence à poindre malgré les louables efforts des deux époux, peu faits pour sentendre. Elle écrit à son amie Émilie de Wismes, une réflexion révélatrice de son état desprit : "Il faut être bien persuadée, quil est absolument impossible de rencontrer une personne dont lhumeur et les goûts soient en tout semblable aux siens propres, puisquon peut dire de nous tous ce que labbé Magnani tappliquait fort bien : Natura la fé e ruppe la stampa ou : La Nature la fit et brisa le moule. La vie conjugale déjà lui pèse. Heureusement, en 1823, la naissance de son fils Maurice lenchante. Toujours à Émilie, elle décrit son chérubin : "vermiglio al par di rosa (vermeil comme une rose). La vie provinciale sétire, monotone, agrémentée de soirées musicales. Aurore chante des mélodies italiennes qui charment Aurélien de Sèze, son nouveau soupirant. La jeune femme élevée dans le culte de la musique classique, se tient au courant des concerts parisiens. Les airs de Rossini, de Spontini, de Cherubini nont pas de secret pour elle. Et cest presquune parisienne avertie qui débarque dans la capitale, au printemps 1830. |
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