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Pour le moment, ils en sont au marivaudage littéraire. Alfred lui parle dIndiana, elle répond amusée; ils font des promenades, elle lappelle Mon gamin dAlfred, le reçoit en négligé, il admire ses babouches ! Bref, le flirt prélude aux étreintes plus poussées. Au mois de juillet 1833, elle lui envoie les épreuves de son roman, Lelia. George a crée auprès de son héroïne, le personnage de Stenio en sinspirant de Musset quelle connaissait à travers ses livres, avant de le rencontrer. Stenio est comme un double du poète. Jeune homme fragile, en proie au mal de vivre, il séprend de Lelia en qui il voit une mère aimante et protectrice capable de tout lui pardonner. Cest peu à peu ce genre de relation qui sétablira entre George et Alfred. La romancière a pressenti leur avenir. Des affinités électives les aimantent lun vers lautre. Musset lui écrit chaque jour : Je puis être si vous men jugez digne, ( ) une espèce de camarade sans conséquence et sans droits, par conséquent sans jalousie et sans brouilles, capable de fumer votre tabac, de chiffonner vos peignoirs et dattraper des rhumes de cerveau en philosophant avec vous sous les marronniers de lEurope moderne. Propos légers dun homme desprit qui fait sa cour en plaisantant. Bientôt pourtant, dans les rues de Venise où il suivra son égérie, il pleurera de rage et de douleur, aveuglé par la jalousie. Tout les pousse vers lItalie : ils ont les mêmes goûts pour les vieux auteurs italiens. Dessinateur de talent, Musset connaît les peintres de la péninsule. Il a publié une étude sur Andréa del Sarto. Comme George, il rêve de croiser à Venise le fantôme de Casanova et celui de Byron. Il pense à Lorenzaccio. Leur collaboration commence. Leur liaison amoureuse aussi, quand Musset pressent et reconnaît en George une âme de mère. Il lui avoue alors : Je vous aime comme un enfant." Tout est en place pour une relation dun an et demi seulement mais qui figure parmi les passions amoureuses les plus célèbres de la littérature car, écrivains tous les deux, ils vont utiliser leurs souvenirs dans leurs uvres respectives. En août 1833 George Sand écrit à Sainte Beuve : Je me suis énamourée et cette fois très sérieusement dAlfred de Musset. Ils samusent, senivrent de chansons et de poésies dans la mansarde bleue, sa ruelle, où George, précieuse des temps modernes reçoit, les beaux esprits de son temps : Balzac, Mérimée, Litz et Marie DAgoult. George écrit Metella, autre visage delle-même quelle peint ainsi : Elle vint en Italie chercher une vie plus libre, des murs plus élégantes. ( ) Elle se sentait disposée à fouler aux pieds ces lois du préjugé et à mener joyeuse vie." Un programme, en tout point conforme aux vux de George laventureuse. Musset rimaille joyeusement :
Ils parlent de voyage et rêvent de départ.
Ces vers de Baudelaire semblent écrits pour eux mais ils ne les connaissent pas Les Fleurs du Mal ne paraîtront quen 1857 Leur décision est prise. George Sand va réaliser son rêve dexotisme. Elle écrit à son mari Casimir, linfortuné baron Dudevant : "Je vais en Italie passer lhiver et essayer de guérir les rhumatismes dont je suis abîmée. George en femme avertie, avance quelque fausse bonne raison, pour justifier ce voyage quelle désire. La bienséance exige, dailleurs, de pieux mensonges. La séparation légale entre les époux Dudevant, naura lieu quen 1836. Aurore Dupin veut obtenir la garde de ses enfants et conserver la maison de Nohant, héritage de sa chère grand-mère. Avant de se livrer aux délices du voyage, elle se préoccupe de ses enfants : Maurice, laîné âgé de dix ans sera interne au collège Henri IV ; son ami Papet veillera à ce que tout se passe bien ; la petite Solange restera à Nohant auprès de son père, le baron Dudevant. Elle fait ses comptes, passe un contrat avec son éditeur Buloz à qui elle promet la livraison dun roman, pour le 1er juin 1834. Reste encore une tâche délicate à accomplir : convaincre et rassurer Mme Musset, la mère dAlfred, toujours inquiète au sujet de son fils, plus que réticente à lidée quil puisse accompagner cette femme dangereuse. Elle pressent le pire mais George qui dit navoir aucune brio dans la conversation, fait preuve dune telle éloquence que la mère vaincue cède à la maîtresse. Celle-ci promet de veiller sur Alfred comme une mère. Lescapade amoureuse peut commencer.
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