Le cycle de la Légende de Sainte Ursule

 

Le cycle de la Légende de Sainte Ursule est exposé à la galerie dell’Accademia à Venise.

Le cycle comporte huit toiles et un retable.

C’est une narration précise et élégante tirée de la "Légende dorée" de Jacques de Voragine qui oscille constamment entre l’évocation profane des fêtes vénitiennes et l’atmosphère de recueillement intérieur qui dit la vie de l’âme.

Carpaccio travailla pendant une décennie à ce magnifique ensemble, entre 1490 et 1500

1. L’arrivée des ambassadeurs anglais : ceux-ci viennent demander la main d’Ursule au roi chrétien de Bretagne, son père. Nous sommes, en principe, à la cour de Bretagne, mais c’est bien de Venise qu’il s’agit.

2. Le départ des ambassadeurs anglais. Nous voici maintenant dans une salle du Palais royal — toujours dans une Bretagne rêvée parée des grâces vénitiennes. Le roi Maurus expose aux messagers anglais les conditions posées par sa fille ; les ambassadeurs prennent congé.

3. Le retour des ambassadeurs anglais. Les voilà en Angleterre païenne où ils transmettent au roi le message d’Ursule. Ils rapportent les conditions posées par la jeune fille. Le prince Ethéré ébloui par ce qu’il apprend de la beauté et de la sagesse d’Ursule, accepte ces conditions.

4. Le Départ de Sainte Ursule ou Départ des fiancés, la plus grande toile du cycle, dont la complexité scénographique est la plus fascinante. Le tableau rassemble quatre épisodes de la vie de la sainte bretonne. À gauche, dans la partie sombre, l’Angleterre païenne, à droite le lumineux paysage chrétien est à l’image de Venise. À gauche, c’est le port anglais où l’on voit le prince faire ses adieux à ses parents. À l’arrière-plan, un grand vaisseau s’éloigne, sur sa voile, on peut lire à l’envers ”MALO” = malheur, sombre présage d’un voyage sans retour pour le prince et la princesse.

5. Le songe de Sainte Ursule. Cette fois nous quittons la lagune et nous entrons dans l’intimité de Venise. Ursule est endormie, elle rêve. Un ange lui apparaît une palme à la main. C’est une annonciation inversée, celle de sa mort. Il lui dit son martyre à venir. Aprés l’annonce tragique de l’ange, Ursule à son réveil, quitte Cologne et poursuit son pèlerinage vers l’Italie et la capitale de la chrétienté.

6. La rencontre avec le pape à Rome. Sainte Ursule et son fiancé Ethéré sont agenouillés devant le pape Cyriaque entouré de ses cardinaux. La pelouse est dominée par la forteresse du château Saint Ange. On remarque le jeu savant et complexe des mitres blanches tuyautées sur la gauche. Nous sommes à Rome, capitale de la chrétienté.

7. L’arrivée de Sainte Ursule à Cologne. C’est le premier tableau exécuté par Carpaccio en 1490. En remontant le Rhin pour débarquer à Cologne, les pélerins trouvent la ville assiégée par une armée de Huns. La proue noire du navire s’avance vers nous, couleur de deuil. Cette coque noire, porteuse d’une mort annoncée, nous mène au massacre et au martyre de la sainte bretonne.

8. Martyre et funérailles de Sainte Ursule. Comme dans la toile du départ, nous retrouvons deux épisodes distincts de part et d’autre de la colonne. À gauche, dans la partie sombre, le pape et ses compagnons sont massacrés par les Huns, selon la prophétie de l’ange. Au milieu, au premier plan, il y a comme un îlot de sérénité ; pourtant, c’est l’épisode crucial, la mort de la sainte. À droite du tableau, dans la zone lumineuse, le peintre nous montre le catafalque de la Sainte transporté au tombeau.

9. Pour clore le cycle de Sainte Ursule, voici le retable de son Apothéose. C’est le dessus du maître-autel de l’oratoire et l’aboutissement du cycle narratif. Après sa vie de vertu et de martyre, Sainte Ursule est couronnée par les anges du ciel. Les 11000 vierges, ses compagnes et le pape, l’entourent pour l’éternité. La composition est traditionnelle et présente trois plans successifs.

Approfondissement :


©mhviviani